Entrer dans un nouveau pays est toujours un moment excitant. C’est un pas vers un univers qui s’offre à nous. Une dimension dans laquelle on s’apprête à entrer sans rien savoir ou presque de ce qui nous attend. Avec comme seules indications les quelques descriptions des guides et des blogs de voyage que nous avons pu lire avant de partir.
On se retrouve ainsi rempli de curiosité, mais aussi d’appréhension, espérant trouver notre bonheur dans cette nouvelle traversée. (C’est du moins dans cet état d’esprit dans lequel je me trouvais sur le ferry en direction du Maroc).
On quittait enfin les bras de notre rassurante Europe pour accoster au pied de l’imposante Afrique !
Notre arrivée au port de Tanger-med fut nocturne, comme si dans un effet dramatique le Maroc souhaitait maintenir le suspense de ses paysages. Nous offrant comme simple aperçu préliminaire une ville portuaire éclairée par quelques lampadaires.
Parcourir une ville de nuit plonge le marcheur dans une ambiance particulière pouvant être tantôt charmante ou tantôt apeurante. Tanger-med se classe plutôt dans la seconde catégorie…
Entre les chiens errants, les ruelles sombres, les nombreuses silhouettes que l’on croise aux bords des routes, on ne peut pas dire que cela fasse rêvée, c’était pourtant notre première fenêtre sur ce nouveau continent.
Si cette entrée en matière ne possède pas les codes d’un accueil féérique, elle a le mérite de chambouler et comme nous le verrons au fil de l’article de ce côté là le Maroc est assez bonne élève.
C’est donc bien reposer (après une nuit dans un vrai lit) que nous avons débuté notre escapade marocaine.
Notre objectif était de rejoindre Marrakech en environ 3 semaines. Pour cela plusieurs options s’offraient à nous. D’un côté s’aventurer dans les terres et risquer les détours, les dénivelés et les sentiers. De l’autre, longer la côte, offrant l’avantage d’une voie directe, mais nous imposant une urbanisation plus présente.
Si vous suivez nos aventures, vous vous en doutez nous avons ainsi choisi de poursuivre par les terres.
Pour ce début de parcours, le nord marocain nous a subjugué par un paysage étonnant qui a su nous surprendre.
Là où nous étions bercé dans un imaginaire marocain parsemé de déserts, de dromadaires et de souks, nous avons pu contempler un Maroc plus rural avec des étendues de prairies impressionnantes, véritable tapis de verdure étincelant sous le soleil marocain. Une allure presque paradoxale alors que nous venions de quitter un paysage désertique en Espagne.
Néanmoins, loin de nous permettre de flâner au coeur des champs, les premiers jours pour quitter la région de Tanger nous ont avant tout confronté à un territoire valloné (nous mettant au défi avec de véritables murs à franchir) accompagné d’un traffic intense au fil de longues nationales, veritable torrent de taxis, de voitures, de vans et de camions.
Il est d’ailleurs intéressant d’observer qu’au Maroc l’usage du klaxon est bien plus fréquent qu’en France (je ne pense pas me souvenir d’un jour en Afrique sans ce doux bruit criant à nos oreilles). L’utilité ici est multiple, pour certains le klaxon témoigne d’un signe d’encouragement à notre égard. Pour d’autres, (et notamment les camions), cet outil sert à nous mettre en garde : « Mettez vous sur le côté, j’arrive! ».
De quoi entraîner des poussées d’adrénaline lorsque par moment le bas-coté semble ridiculement étroit…
Heureusement, pour nous remettre de nos émotions, il est toujours possible de nous reposer sur la gastronomie marocaine.
Ahhh les douces spécialités culinaires marocaines… Etant assez gourmand (il faut le dire), j’ai toujours hâte de découvrir les spécialités d’un pays qui sont pour moi un pan indispensable de la culture de celui-ci (Et le Maroc ne m’a pas déçu).
Ainsi, si vous visitez un jour ce beau pays vous pourrez commencer votre journée avec une note plutôt salée.
Asseyez-vous à la terrasse d’un café et on vous servira du pain, des œufs (en omelette ou au plat), des olives, de la vache qui rit (seul fromage semblant exister ici) et un bon verre de thé marocain (étant bien plus sucré que son homologue européen, de quoi compenser le manque de sucre de ce premier repas).
A midi, vous pourrez profiter des tajines marocains aux nombreuses variations, capable de séduire n’importe quel palais. Selon que vous vouliez de la viande ou non, plus ou moins d’épices ou du sucrée-salée. Seul déception possible avec ce plat, le finir trop rapidement…
Pour la soirée, vous aurez le choix entre déguster le classic couscous ou vous aventurer dans les snacks marocains ou les stands de rues, en prenant des shawarmas, des galettes, des brochettes, des pizzas berbères (sorte de pain garni de viandes, de tomates et d’épices) et bien d’autres.
Avec notamment les pastillas(mon coup de cœur pour le moment), qui sont des petits disques feuilletés garni d’un mélange sucré-salé, composé de volaille(traditionnellement du pigeon), de raisins secs, d’amandes et d’épices dont la cannelle. Un choix pouvant s’annoncer risqué, mais qui saura vous surprendre.
Enfin, si votre journée a manqué d’une touche sucrée vous pourrez vous tourner vers les innombrables patisseries marocaines. Entre les viennoiseries, les brioches, les biscuits remplis de crème et les petites bouchées dégoulinantes de sirop… Un seul risque ici, en devenir addict!
Cependant, hasard du calendrier, nous traversons le Maroc pendant le ramadan. Ce qui niveau gastronomie nous cantonne d’avantage aux épiceries plus qu’aux snacks. La plupart étant fermés en journée (Seuls les restaurants touristiques restant ouverts, mais niveau budget le côté touristique se fait sentir, dommage).
Petit point sur le ramadan, qui n’est pas une période anodine pour traverser le Maroc, sachant que l’ensemble du pays semble suivre avec rigueur cette coutume. (Enfin presque, les enfants ne le font pas nécéssairement).
Suite à nos peu de jours passés au Maroc en dehors du ramadan il est difficile de se faire un point de vu précis de ce qu’apporte celui-ci sur l’ambiance du pays.
Néanmoins, voilà ce que nous avons pu constater.
D’une part les journées démarre tard, vous croiserez peu de marocains dans les rues le matin et la plupart des boutiques seront fermées.
Ensuite, passé la matinée, ne vous attendez pas à une agitation folle, les épiceries seront ouvertes mais le repos reste de mise (Ce qui est bien compréhensible lorsqu’on ne peut ni boire ni manger).
Seule exception, dans les zones touristiques où les cafés, les restaurants et les boutiques de souvenirs restent ouvertes.
Enfin, l’atmosphère prendra une tournure particulière lorsque viendra les derniers instants avant la fin du jeune. Les rues se vident, la pression monte, c’est le calme avant la tempête! Et puis d’un coup aux alentours de 19h, l’appel à la prière résonne, c’est bon le ftour va pouvoir être pris (le ftour est le nom du repas pris pour casser le jeune).
La fin de journée marque alors la renaissance du peuple, les familles sortent en ville, les enfants courent dans les rues, toute la population profite de ce regain d’énergie amplement mérité.
Finalement, cette période de ramadan témoigne d’un rapprochement important de la société à travers des traditions religieuses. La vie marocaine est alors rythmée par les nombreux appels à la prière durant la journée offrant une atmosphère religieuse unique. (Je ne m’étalerais pas beaucoup plus ici n’étant pas un grand connaisseur de la religion musulmane).
Mais trêve de divaguerie, et reprenons notre route pour notre première escale marocaine, j’ai nommé… Chefchaouen !
Petite perle bleue du nord marocain, Chefchaouen nous a permis le temps d’un instant de nous évader de notre quotidien de baroudeur et de faire du tourisme un peu plus classique.
On a ainsi pu parcourir les ruelles azures de cette cité à la découverte de ses moindres recoins. Arpentant les diverses souks, nous imprégnant de l’atmosphère de la ville et nous arrêtant pour profiter d’un tajine en terrasse.
Finalement, notre journée s’est fini en beauté avec une dégustation de patisseries devant le spectacle des derniers rayons du soleil délaissant peu à peu les toits de la ville.
Une pause nous faisant le plus grand bien, avant de reprendre notre avancée direction Fès.
Rejoindre Fès depuis Chefchaouen nous a permis de parcourir le rif, une chaîne de montagne au nord du Maroc.
Au delà de ses reliefs, véritable casse jambes, nous mettant à l’épreuve à travers son enchaînement de montées et de descentes infernales, le rif nous a marqué par une particularité peu commune.
En effet, ce bout de Maroc est avant tout connu pour sa forte production de haschich! Nous n’avons pas pu apercevoir de cultures, mais leur présence s’est faite sentir. C’est ainsi en toute naïveté que nous nous sommes dirigés vers Fès le long d’une route regorgeant de vendeurs de ce chanvre enivrant.
Finalement, il n’aura pas fallu longtemps pour que nous comprenions notre situation et que nous fassions demi-tour.
Mais nous garderont en souvenir le regard interloqué du vendeur que nous avons rencontré, ne semblant pas comprendre pourquoi des touristes non fumeurs s’aventuraient dans les parages alors qu’une route bien plus touristique existait pour rejoindre Fès. (C’est cette voie qu’on prendra finalement).
La suite du trajet se passa alors sans encombre nous menant à Fès, ville cette fois si bien plus importante, ou nous sommes restés 2 jours.
Fès est une ville bipolaire ou se mêle authenticité et modernité. Ce caractère est d’ailleurs à l’image du Maroc, qui présente sans cesse une ambivalence entre ces deux thématiques (Il n’est par exemple pas rare de croiser des paysans avec leur âne en pleine ville).
On trouve ainsi à Fès une première personnalité urbaine, brut, présentant comme seul atout (si s’en est un) de posséder un grand nombre de magasins, dont un carrefour (détail assez remarquable au Maroc pour être précisé).
Et une seconde personnalité bien plus attrayante et authentique avec sa médina, étant le cœur historique de la ville et certainement le point fort de celle-ci.
Une fois dedans, on entre dans un monde appart, ou se perdre devient un jeu pouvant prendre plusieurs heures aux touristes curieux.
Les milliers de ruelles de la médina regorgent de souks et il faut s’armer d’une bonne dose de volonté pour ne pas se laisser séduire par les vendeurs marocain.
Tel de véritables charmeurs de touristes, ils attirent par leur tacte et vous poussent à admirer leurs produits, pour je cite « le plaisir des yeux ».
Bravo si vous résistez à leur charme ! mais Fès vous proposera un autre défi à affronter… Les « guides » de la médina.
Véritable être à part entière, d’une polyvalence inouïe Ils sauront vous proposer leur aide au cours de votre visite, pouvant répondre au moindre de vos désirs. Vous désirez manger, pas de problème ! Vous êtes plutôt visite de lieux historiques, aucun soucis ! Vous êtes à la recherche de substances «exotiques» encore une fois vos désirs seront satisfaits.
Évidement, bien que l’hospitalité marocaine ne soit pas qu’un mythe, une rétribution vous sera demandé en fin de parcours…
Le plus fascinant chez ces « guides » est leur apparition si soudaine. Egarez-vous un infime moment en dehors de la voie principale et vous serez abordés !
En bref, loin de proposer une simple visite, la médina nous a servie une expérience à part entière, rassasiant notre manque d’agitation citadine.
Il était temps maintenant de décider de notre itinéraire pour accéder à la belle et mystérieuse Marrakech !
Pour la rejoindre, nous avions une dizaine de jours depuis Fès ce qui est important sachant que la voie directe se composait de moins de 500km (donc moins de 50km par jour).
Ennuyé par cette moyenne journalière basse et le manque d’étapes intéressantes sur le trajet nous avons choisi un itinéraire plus long mais également plus attrayant, pour un trajet d’environ 800 km à parcourir avec 2 cols à franchir, promettant une aventure intense ! (Et ce fut bel et bien le cas)
J’achève d’ailleurs l’écriture de cet article alors que nous sommes déjà arrivé à Marrakech. Si je décide de l’arrêter ici c’est qu’à mes yeux cette étape de Fès – Marrakech dénote trop de notre début de parcours.
Ces 10 jours, court mais intense, possèdent une saveur unique et il me paraît plus judicieux de leur consacrer un nouvel article.
Je vous remercie d’avoir lu l’article jusqu’à la fin et j’espère qu’il vous aura plu !
Vinz