3 | Un chapitre qui se clôture et à l’aube d’une nouvelle aventure

J’écris ces quelques lignes dans le ferry tout en regardant les côtes espagnoles s’éloigner. On l’a fait, on a traversé notre premier pays. Dans quelques heures, on accostera un nouveau pays, un nouveau continent et une nouvelle aventure débutera.

Cet article clôture le chapitre consacré à la traversée de l’Espagne. Plus d’un mois s’est écoulé depuis le passage de la frontière espagnole. Il nous aura fallu parcourir 5 régions, pédaler près de 1 500 km pour traverser du nord au sud ce pays. Mais également faire face à 3 crevaisons, solliciter 2 vélocistes pour réparer le vélo de Vinz et être à deux doigts de perdre le sac de couchage de Vincent.

L’Espagne a été assez surprenante notamment pour la diversité de ses régions et de leur particularité. On a ainsi découvert : le soleil de la Catalogne et son identité forte ; le froid et les montagnes d’Aragon ; le vent et les grandes plaines de Castille-la-Manche ; les oliviers et la chaleur d’Andalousie.

Notre première étape en Espagne a été marquée par une progression assez lente. En effet, en Catalogne  nous utilisions pas de cartes et très peu notre portable. On utilisait uniquement pour se repérer le soleil et les indications des voies vertes catalanes. Ce qui bien sûr nous a conduit à faire de nombreux détours. Après Barcelone, l’envie de sortir du tumulte des villes nous a poussé plein ouest pour retrouver un peu de calme dans le désert espagnole et les montagnes de l’Aragon. Malheureusement, les températures annoncées étaient très basses (allant jusqu’à -7 °C la nuit), ce qui nous a amené au bout de plusieurs jours à retourner plein est pour retrouver la côte

C’est pourquoi on commence la seconde étape de l’Espagne en augmentant notre cadence de vélo et en limitant les détours afin d’éviter d’augmenter notre retard. On emprunte donc des grands axes routiers tels que des nationales pour faciliter notre progression. Dans le centre de l’Espagne, ces routes ne sont pas très fréquentées et ont l’avantage d’avoir un bon revêtement ce qui permet de rouler plus rapidement.

Malheureusement, une fois éloigné de Valence, on entre dans la région de Castille-la-Manche. Une région où le vent qui ne rencontre aucun obstacle en raison de la topographie se plaît à nous ralentir, nous freiner, nous stopper. Résignés, nous laissons nos jambes effectuer inlassablement le même mouvement pendant que nous nous perdons dans nos pensées. La tête dans le guidon, on s’évade en oubliant presque l’on pédale. Le temps s’écoule contrairement aux kilomètres qui ne semblent pas bouger.

L’autre particularité de Castille-la-Manche, toujours en raison de la topographie de la région, sont les grandes lignes droites que forment les routes. On roule pendant des dizaines de kilomètres sans croiser un seul virage. Pas de montées, pas de descentes, pas de virages mais une route qui s’étend jusqu’à l’horizon.

Malgré tout, on arrive au bout de cette région après plusieurs jours de vélo. Une fois l’Andalousie atteint, nous quittons sans regret ce vent de face qui aura été notre partenaire tout au long de la traversée de Castille-la-Manche.
L’Andalousie marque le début de la fin de l’Espagne, elle est en effet la dernière région qu’on traversera de ce pays. En parallèle, on commence à ressentir le poids d’une routine qu’on a adoptée depuis notre arrivée en Espagne. En effet, la journée on mange, on roule, on dort. On rêve de diversifier un peu notre spectre d’activité. Nos repas manquent également de diversité : sandwich le midi et pâtes le soir.
C’est dans cette optique qu’on s’offre deux jours de pause dans un parc naturel. Et cette fois pas question de rouler ! On pose donc notre tente près d’un grand lac de montagne et on se laisse entraîner par l’oisiveté. Pendant ces deux jours, chacun vaque à des activités différentes : faire de la slackline, lire, se baigner, flâner dans un hamac, bronzer… Bref des activités qui n’ont rien à voir avec le vélo.
Après ces deux jours de pause, on repart plus en forme que jamais !

Toujours dans cette idée de casser cette routine, on s’impose des défis. Le premier est de rouler 100 km avec une vitesse moyenne de 10 km/h. Un défi qui à contrario d’être physique a pu éprouver notre patience. Pour le second, on se fixe comme objectif de porter la tenue la plus ridicule de notre armoire

En ce qui concerne les repas, même s’ils sont pas très variés, ils restent des moments sacrés. Lorsqu’on mange on ne roule pas, en partant de ce principe on les associe forcément à des moments de détente. Le petit-déjeuner nous permet d’acquérir la force nécessaire pour une longue journée de vélo, le déjeuner lui offre une bonne excuse pour faire une pause et le dîner marque la fin de la journée. Ce sont également des moments de convivialité où on se laisse entraîner par des longues discussions.

Imaginez-vous dans une forêt, le soleil se lève, les premiers rayons font monter le mercure, une tasse dans une main et une tartine dans l’autre vous discutez avec vos proches dans une ambiance sonore de chants d’oiseaux.

Ou peut-être vous préférez être dans un parc, allongé au soleil en picorant de temps en temps dans un paquet de chips tout en écoutant une musique de la playliste “Voyage” diffusée par une enceinte portable.

Malgré une envie de plus en plus forte de découvrir un nouveau pays, on se plaît à rouler en Andalousie. Cette région nous en met plein les yeux, on est absorbé par les paysages qui défilent. On détourne notre regard de ce spectacle uniquement pour se désaltérer. En effet, l’Andalousie marque le retour de la chaleur. Une chaleur encore plus intense qu’en Catalogne, une chaleur qu’on attendait et qu’on est heureux de retrouver.

Les plus beaux paysages s’accordent souvent avec du dénivelé et cela s’applique aussi en Andalousie. On retrouve donc les longues montées qui peuvent durer plusieurs heures, nous faisant parfois grimper jusqu’à plus de 1 000 m d’altitude.Les longues montées sont inhérentes à un voyage en vélo, elles sont pour ma part la cerise qui complète un gâteau ou même la meringue qui sublime une tarte au citron. Les montées nous entraînent dans une danse dont elles assurent le tempo, on s’efforce de suivre ce rythme quitte à sentir les cuisses tirer et à transpirer plus que de raison.

Les paysages et les montées c’est bien, mais visiter c’est mieux ! On s’autorise donc deux jours à Grenade pour visiter la ville et accessoirement retrouver un peu de confort dans un logement qu’on loue. On tombe sous le charme de cette ville et on se plaît à se perdre dans ses ruelles piétonnes pour se laisser surprendre par les points d’intérêt des différents quartiers. 
Cette ville pose un point final à notre traversée de l’Espagne. Le ferry qui nous emmènera au Maroc part de Motril, une ville portuaire située à 60 km de Grenade. 

On quitte l’Espagne mais ce qui est sûr c’est qu’on y retournera. Peut-être plus en tant que touriste qu’en cyclotouriste pour privilégier la visite des villes. Et la prochaine fois, on l’espère, on aura le temps de goûter une paella à Valence, d’explorer l’Alhambra à Grenade, et de visiter la Sagrada Familia à Barcelone.

Malgré certains moments difficiles, l’Espagne restera pour moi une très bonne étape du voyage. Une étape qui m’a fait sentir loin de chez moi, qui m’a fait découvrir les premiers sentiments de liberté si caractéristique du voyage à vélo et qui m’a fait réaliser l’ampleur de cette aventure qui s’annonce palpitante !

Nous quittons ainsi le vieux continent avec une pointe d’appréhension qui se mêle néanmoins à une envie de chambouler nos habitudes et d’être confronté à d’autres cultures. On espère également que le Maroc diversifiera nos habitudes alimentaires.

Merci encore pour vos nombreux commentaires mais aussi pour les différents défis que vous nous avez proposés (on ne les oublie pas),

A très vite pour de nouvelles aventures les Saha’rouleurs,

Mathis

1 réflexion sur “3 | Un chapitre qui se clôture et à l’aube d’une nouvelle aventure”

  1. Je prends désormais vraiment le temps d’avance pour commenter également ce reportage, ce soir 2 mai 2023, 23h44, donc presque le 3 mai ! Merveilleux comment vous avez décrit l’aventure espagnole et traversé la monotonie de Castille-La Manche, la région de Don Quichotte, la lutte contre les moulins à vent, si je me souviens bien, a regardé le noble – qui avait clairement une certaine confusion mentale – les moulins à vent comme des géants, son fidèle serviteur Sancho Panza n’a pas pu faire changer d’avis son pauvre maître… mais à votre récit, comment vous décrivez la région, je peux aussi mieux comprendre l’état un peu fou de Don Quichite… mais vous l’avez fait et la monotonie a heureusement été remplacé par la belle et surtout chaude Andalousie méridionale … oui, je le vois comme presque réel pour moi, votre description est belle, comment vous avez apprécié un campement au bord d’un lac et pu s’immerger dans la vie citadine de Grenade, pour finalement quitter l’Espagne avec un sentiment de la nostalgie , devant échanger une situation plus familière – le continent européen – pour l’Afrique du Nord encore plus aventureuse … vers le véritable inconnu … mais je suis tellement en arrière dans le temps, car en attendant vous êtes déjà bien en direction de la Mauritanie ! Entre-temps, il est devenu 00.h10 et j’ai l’impression que mon lit a besoin de moi… ou vice versa😜 jusqu’au prochain commentaire…

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