Le réveil sonne, il est 8h30, on est dimanche 5 Février et le soleil est déjà réveillé sur la ville de Grenoble. Ce jour est particulier, c’est le grand jour, je jour j, le jour de notre départ !
Après des mois à préparer notre projet, à l’imaginer, à le rêver, nous allons enfin nous lancer à l’aventure à travers les routes de France, d’Espagne, du Maroc, de Mauritanie et du Sénégal..
Mais pour l’instant il est 8h30, on est un peu fatigué après avoir profité de notre dernière soirée sur Grenoble et on est loin de se projeter à rouler dans le Sahara direction Dakar!
Après avoir fait nos derniers adieux aux amis venus nous souhaiter un bon départ, nous partons pour une étape de 120km direction Valence où la sœur de Mathis nous attend.
Lors de cette première étape nous sommes accompagnés de Théo et Kévin sur les premiers kilomètres et d’Erwan qui nous suivra tout au long de la journée (Merci à eux).
Cette première journée est longue en kilomètres mais l’excitation nous fait tenir. A ce moment là on est rempli d’appréhension pour la suite mais on a hâte d’avancer. Notre premier objectif est d’atteindre l’Espagne, nous prévoyons 10 jours environ pour le faire!
Ce qui nous laisse ainsi quelques jours pour développer nos cotés baroudeurs en France, avant d’arpenter les routes de pays étrangers qui nous sortiront d’avantage de notre zone de confort.
Les premiers jours sont paisibles et la facilité de la viaRhôna nous offre un espace parfait pour s’habituer à ce nouveau rythme de vie. Nous longeons ainsi le Rhône le traversant de temps en temps, suivant la direction du sud, sur une route majoritairement plate.
Puis vient le moment de la quitter. Le plat est alors remplacé par un territoire valloné, mettant nos cuisses à rude épreuve lors des premiers dénivelés et les pistes goudronnées laissent place à une alternance de sentiers et de départementales.
Les paysages s’enchaînent et nous sommes étonnés de la diversité de panorama que nous offre ce bout de France.
Plus on avance, plus on découvre des points de vues variés, roulant de village en village, à côté de vignes, de châteaux, de lacs, de forêts, de champs, de plages, etc. Plantant notre tente dans des spots toujours plus incroyables, que ce soit à l’abri sous le préau d’une ferme ou dans une plaine aux allures de savane. Ou passant notre nuit chez l’habitant.
Toutes nos journées sont différentes et faire une pause au bout de ses 10 jours pour prendre du recul sur nos péripéties et recharger nos batteries nous fait du bien.
Ça peut paraître bête à dire, mais à force de passer de lieu en lieu on finit à la fin de la semaine par être surchargé par tant de découvertes. (Une surcharge bien souhaitable cela dit).
Cette partie du voyage est aussi marquée par le développement d’une nouvelle routine.
La routine où toutes ces nouvelles habitudes que l’on commence à développer et toutes celles que l’on commence à perdre. Dans ce projet on se plonge dans un nouveau style de vie, présentant des bons et des mauvais côtés. Et même si ça ne fait que 10 jours que nous sommes partis en parler me semble intéressant.
Tout d’abord, en tant que “baroudeurs” débutants, on a dû abandonner de nombreux conforts, qui nous semblaient pourtant évident en tant normal.
Fini l’accès facile à des douches chaudes le matin pour se réveiller ou le soir pour se détendre. Fini, le café en appuyant sur un simple bouton. Fini les soirées au fond d’un canapé pour finir notre série favorite.
Nos journées sont rythmées bien différemment maintenant et de nouveaux mécanismes se sont mis en place. Nous devenons de plus en plus efficace au fil du trajet, mais les débuts sont longs et certaines tâches simples tel que se préparer le matin ou faire les courses sont chronophages à nos débuts, ce qui est assez frustrant (Avec un record de 3h pour se préparer le matin).
Les journées passent vite, accentué par un soleil qui se couche tôt, sans qu’on est l’impression de s’être vraiment posé..
Heureusement, petit à petit certaines tâches qui nous étaient autrefois étrangères deviennent des automatismes et nous trouvons notre rythme.
Notre quotidien est dorénavant marqué par des questions qui reviennent perpétuellement:
– Ou iront nous ce soir, à combien de kilomètre et par où? (Pour vous donner une idée, on tourne autour des 60 km de moyenne en ce moment, nous n’avons pas un trajet fixe en tête, nous roulons direction le sud selon les voies vertes et nos envies. Le trajet se créé chaque jour de kilomètre en kilomètre, offrant une infinité de possibilité pour la suite (même si nous sommes limité par le temps)
– Est-ce qu’il nous reste de quoi manger ce midi? Ce soir? Demain matin? (Généralement on prévoit des stocks pour 2-3 jours évitant de perdre trop de temps à faire les courses, pour les plus curieux d’entre vous on est plutôt team repas froid le midi avec des sandwich ou des salades, et le soir on sort le réchaud pour des plats plus ou moins complexe, allant d’un simple plat de pâtes à des plats plus élaboré comme des curry de légumes ou des poires au chocolat.)
– Est-ce qu’il nous reste assez de batteries sur nos appareils électroniques ? (Pour le moment, on estime avoir une autonomie d’une semaine, rechargeant nos appareils le temps d’une pause dans un camping, un restaurant ou dans un bar.)
–Est ce qu’il nous reste assez d’eau? (Ce point crucial est généralement vite réglé, croisant des sources d’eau sur notre chemin.)
– Est-ce qu’on a fait le nécessaire pour la communication? (On essaie de prendre minimum 2-3 photos et quelques vidéos chaque jour. L’idée de notre côté est de faire au moins une story par jour, de remplir quotidiennement notre Polarsteps, de publier un article (comme celui-ci) toutes les 2 semaines, et de sortir une vidéo toute les 2 semaines également. A voir si on tiendra le rythme).
–etc
Ce voyage nous demande donc une réorganisation rapide de nos habitudes. D’autant plus que ce début de voyage est marqué par le froid!
En dehors de la journée où nous sommes actifs et où le soleil nous réchauffe, le froid nous crispe assez rapidement (même dans nos duvets avec quelques nuits à -4 °C), abrégeant nos soirées et rendant difficile nos matins (C’est assez surprenant de retrouver au petit matin l’eau gélé dans nos gourdes et nos vélos couverts de givre).
Le froid, ennemi de ce début de voyage que nous espérons lâcher au plus vite, nous a forcé à devenir efficace dans notre routine et notamment le matin pour partir au plus vite sur les routes.
Le matin est d’ailleurs un bon témoin des dizaines d’habitudes que nous développons, et j’aimerais vous faire imaginer une matinée « type » comme si vous étiez avec nous, pour vous mettre un peu plus dans l’ambiance (laisser vous guider, je vous préviens le froid sera de la partie):
Il est 8h, vous êtes sous une tente, blotti dans votre duvet et vous vous levez, réveillez soit par le bruit des voitures environnantes, par le froid ou par Mathis (le plus matinale du groupe) commençant à préparer ses affaires.
S’engage alors un mécanisme bien huilé (à adapter selon les membres de saharoule, je vais détailler le mien ici) d’abord vous commencer par ouvrir votre duvet et vous retirez les appareils électronique que vous aviez glissé au chaud contre vous dans la nuit (Petit tips ici, on dort avec nos téléphones, caméra, etc, pour conserver plus longtemps leurs batteries qui souffrent du froid).
Ensuite vous vous changez, vous sortez donc du duvet (en priant pour ne pas avoir trop froid) vous attrapez vos habits en les enfilant avec une rapidité fulgurante.
Puis vous passez au rangement de vos affaires, tour à tour vous rangez donc vos habits, votre oreiller, votre drap de soie, votre duvet et votre matelas de sol.
Viens le temps de sortir de la tente, de regarder si vos vélos sont gelés ou non, de chercher les premiers rayons du soleil où vous pourrez mettre votre tente pour faire fondre le gèle apparu durant la nuit et de profiter de la vue depuis votre lieu de bivouac sous la lueur matinale..
Mais pas trop longtemps! (Je vous rappel qu’à ce moment là vous avez froid et qu’une envie prendre une petit café ou un thé et repartir).
Vous vous lancer donc dans la dernière ligne droite de cette préparation matinale, remplissant vos sacoches méthodiquement, chaque objet gagnant petit à petit sa place dans une optique d’efficacité. Et vous pliez votre tente.
Enfin vous allez pouvoir faire chauffer de l’eau et profiter d’un bon petit déjeuné à base de brioche de pâte à tartiner, de confiture, de chocolat et de thé ou de café, pour bien vous restaurer avant de repartir sur les routes.
Pas mal pour une matinée non ?
Je vous rassure, il me serait impossible de détailler aussi précisément le reste de nos journées, bien trop d’imprévues rentrent en jeu. Que ce soit des évènements dont on se passerait bien, tel que les premières crevaison ou les dérailleurs qui font des siennes, mais également des imprévues bien plus souhaitables tel que de belles rencontres.
Des rencontres courtes par moment (5-10min) et plus longues pour d’autres (le temps d’une soirée). Nous avons ainsi rencontré Fabio un cyclotouriste italien qui poursuivait son voyage en direction de Ténériffe ou encore Kellyan une canadienne qui roulait vers l’Italie.
A Port-la-Nouvelle nous avons passé un bout de soirée avec Thomas un routier qui nous a raconté ses multiples vies, entre baroudeur et guitariste jouant auprès de Renaud, de Linda de Suza et d’autres.
Et surprise finale, aux portes de l’Espagne un couple de retraités belges (Luc et Lily) nous a recueilli pout la nuit, nous croisant alors que nous cherchions un lieu de bivouac un peu tard dans la nuit (vers 22h). Nous avons ainsi passé la soirée à leur côté, autour d’un bon repas chaud. Et au petit matin, nous avons eu le droit à un petit déjeuné de rois à base d’œufs brouillés, de bacon, de pains aux raisins, de croissants et de café.. le rêve.
L’aventure se déroule donc sans soucis pour l’instant, niveau physique on se porte bien , des petites douleurs aux genoux mais rien de bien méchant.
Au moment où j’écris cet article on vient de traverser la frontière espagnole et on avance direction Barcelone, avec toujours plus d’envie et de soif d’aventure.
Pour cet avant goût de l’Espagne, le froid semble réduit, nous permettant de profiter d’avantage de nos matinées et de nos soirées. Notre routine semble s’être bien mis en place, et nous avons hâte de voir ce que l’Espagne donnera.
À plus tard pour un prochain article.
Vinz
Chapeau ‘mathis’bon courage… jc.leperennou@free.fr
Merci Jean Claude !
Bonne chance à vous. Je vous aimerez tropppp les amis
Wiam
aujourd’hui 2 mai 2023… Je relis votre rapport alors que vous êtes déjà arrivé au Sahara et je ne réalise pleinement que maintenant le tour de force que vous avez livré jusqu’ici ! Je suis toujours impressionné par cette aventure indescriptible, en plus de laquelle tu réussis à nous livrer une histoire merveilleuse ! Le fait que nous vous ayons rencontrés à un moment bizarre a pris pour nous une tournure importante … vous connaître est un véritable privilège et je vous adresserais la même invitation de tout mon cœur pour vous offrir à nouveau un agréable séjour d’une nuit. Je suis ravi que nous ayons pu apporter un petit fragment à la gigantesque trajectoire !